C’est en plein cœur d’une campagne électorale au cours de laquelle la vaste question de l’habitation occupe une place prépondérante que l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) a amorcé une tournée provinciale, lundi, à Gatineau.

Il n’y a pas de lien entre les deux, assure son président-directeur général, Maxime Rodrigue. Mais comme le hasard fait bien les choses, la situation permet de mettre une fois de plus en lumière la réalité frontalière de la région dont découlent plusieurs défis qui sont abordés dans le cadre de la présente campagne. Au cours de cette tournée provinciale, l’APCHQ veut rencontrer les promoteurs immobiliers, les joueurs importants de l’industrie, mais aussi les élus municipaux de chacune des régions.

«La construction s’accélère en Ontario, juste de l’autre côté, tandis qu’ici, on observe un repli de 31 % depuis le début de l’année, affirme M. Rodrigue. Il faut absolument trouver d’autres façons de réfléchir, sans quoi on s’en va dans un mur.»

Maxime Rodrigue, président-directeur général de l'APCHQ.

Québec doit trouver une façon pour l’industrie régionale de faciliter l’accès aux travailleurs, dit le président de l’APHQ. «Tous les matins, il y en a au moins 500 qui vont travailler de l’autre côté de la rivière, mais qui ne peuvent pas travailler au Québec, note-t-il. Le ministre du Travail est sensibilisé. Rien n’a été changé dans la nouvelle loi, mais on s’attend à des solutions administratives et réglementaires à brève échéance. C’est une bonne nouvelle.»

Le signal semble toutefois moins positif sur le plan de la concurrence. Après l’abolition de la TPS sur la construction d’immeubles locatifs, l’Ontario a emboîté le pas en faisant de même avec la TVH. «Il ne semble pas y avoir d’ouverture en ce sens-là à Québec pour la TVQ, se désole M. Rodrigue. La demande pour du logement locatif est pourtant accrue ici. Il faut trouver une solution rapidement à cette problématique.»

Le président de l’APCHQ affirme aussi être préoccupé par les grands chantiers qui pointent à l’horizon à Gatineau, et l’impact qu’auront ces derniers sur le bassin de main-d’œuvre.

«Ça fait longtemps qu’on demande un plan au gouvernement. Les travailleurs, on ne les invente pas. Il va absolument falloir une planification des grands projets pour ne pas se cannibaliser et en bout de course ne pas être capable de les réaliser.»

—  Maxime Rodrigue, président-directeur général de l’APCHQ

C’est «difficile» à Gatineau

M. Rodrigue explique que le but de la tournée qu’il amorce est de mieux comprendre les préoccupations de chaque région et de favoriser le dialogue avec les élus municipaux. «On le sait, les relations sont parfois tendues entre les entrepreneurs et les promoteurs, dit-il. Le contexte de la crise actuelle doit nous forcer à nous mettre en mode solution plutôt que confrontation.»

Les relations entre les promoteurs immobiliers et l’administration municipale sont «difficiles» à Gatineau, reconnait le pdg de l'APCHQ, Maxime Rodrigue.

 

Il reconnait que les relations entre les promoteurs immobiliers et l’administration municipale sont «difficiles» à Gatineau. «Mais là, il y a des élections et on entend les candidats discuter de ces enjeux et je pense qu’ils ont pris la pleine mesure de la problématique, ajoute M. Rodrigue. Ultimement, il faut loger des gens, c’est ça le plus important. Tout le monde semble dans un état d’esprit pour trouver des solutions.»

L’une de ces solutions est d’utiliser «avec parcimonie» les nouveaux outils prévus dans le projet de loi 31, à savoir notamment la possibilité d’empêcher la tenue d’une procédure référendaire pour les projets de construction de logements locatifs, tant que les taux d’inoccupation ne retrouveront pas un seuil d’équilibre à 3 %. Il est actuellement d’environ 1 % à Gatineau.

«La densification amène parfois des difficultés et de la contestation citoyenne, reconnaît M. Rodrigue. Il faut se questionner. Est-ce que les droits individuels doivent primer sur le bien collectif? Il faut trouver des façons. La densification à tout prix, sans réfléchir, ce n’est pas la meilleure des choses, mais il y a moyen d’améliorer les façons de faire, d’y mettre du gros bon sens. On va loin avec le pragmatisme.»

Les dirigeants de l’APCHQ se dirigeront vers l’Abitibi-Témiscamingue pour la suite de leur tournée du Québec qui s’échelonnera jusqu’en mars 2025.